Le stationnement pour les IDEL, un sujet clivant 

Le stationnement pour les IDEL, un sujet clivant 

Malgré les nombreuses propositions de loi transmises à l’Assemblée nationale depuis des années pour trouver une solution, le stationnement des professionnels de santé est toujours un problème. Si certaines villes ont autorisé la totale gratuité de stationnement pour leurs IDEL et médecins, la majorité n’accorde pas cet avantage. De quoi en agacer certains. 

 

« Le problème de stationnement a un impact direct sur notre travail » 

 

« Ça m’arrive de passer quinze minutes à chercher une place pour une consultation, c’est insupportable. » Alicia est infirmière libérale à Lille depuis plus de dix ans et chaque jour, elle doit faire face au même problème : le stationnement. En effet, comme dans de nombreuses villes françaises, les IDEL lillois ne disposent pas d’un tarif spécifique pour le stationnement ou bien la gratuité du stationnement : « On est beaucoup à recevoir des PV, l’année dernière, j’étais à 180 euros de PV. On travaille avec beaucoup plus de stress, c’est vraiment difficile. Par exemple, ça m’arrive de m’écourter une conversation avec un patient après la consultation, car je sais que je suis mal garé. Le problème de stationnement a un impact direct sur notre travail », nous témoigne Alicia, entre deux consultations. 

 

Selon une étude menée par Convergence Infirmière, environ 80% des IDEL déplorent des difficultés de stationnement et 70 % sont contraints de payer au minimum 150 euros de PV par an. Si certaines municipalités demandent une « tolérance » de leurs agents municipaux à l’encontre des infirmiers en consultation, la réalité du terrain est bien souvent différente. 

 

 

Des tarifs spécifiques qui peinent à convaincre 

 

Pour faire face à ce problème de stationnement, certaines villes ont décidé de prendre les choses en main. C’est le cas de Saint-Nazaire, situé à 65 kilomètres de Nantes. Depuis avril 2024, la ville ligérienne a mis en place une tarification spéciale pour les professionnels de santé : un abonnement mensuel de 15 euros permettant à l’infirmier de pouvoir stationner gratuitement sur la ville.

 

Une initiative qui peine néanmoins à séduire les idels, comme en témoigne Céline : « Je n’ai pas cet abonnement, car j’estime qu’en tant qu’infirmière, je devrais pouvoir me garer gratuitement. » Infirmière libérale depuis cinq ans, elle ajoute : « On perd déjà énormément de temps à trouver une place, nos conditions de travail sont souvent difficiles, je trouve ça indécent de devoir payer un abonnement pour exercer son travail, qui plus est celui de s’occuper de la santé des citoyens. À Saint-Nazaire, on a la chance d’avoir des agents municipaux à l’écoute et qui généralement, nous permettent de nous garer où l’on veut. Mais ce n’est pas le cas partout. » 

 

Un abonnement mensuel loin de faire l’unanimité donc auprès des professionnels de santé, mais qui se démocratise de plus en plus. En effet, outre Saint-Nazaire, d’autres villes comme Lyon, Calais, Nantes ou encore Bordeaux (pour ne citer quelles) ont mis en place cette initiative. En revanche, d’autres communes françaises ont opéré à un choix plus radical : la gratuité. 

 

 

La gratuité du stationnement pour les IDEL, synonyme de sérénité ? 

 

À Clichy, dans les Hauts-de-Seine, les professionnels de santé bénéficient de la gratuité de stationnement depuis février 2024. « Ça change notre vie », se félicite Safia, infirmière libérale dans la ville. « Pendant longtemps, on partait au travail en stressant, on se demandait comment on allait se garer, si on n’allait pas se retrouver avec un PV après chaque consultation. Ce n’est plus le cas maintenant, on aborde les choses plus sereinement », précise-t-elle. 

 

Une bénédiction pour les professionnels de santé qui abordent leurs journées avec plus de placidité. Néanmoins, ce dispositif de gratuité totale pour les IDEL reste limité à certaines villes. 

 

« On a beaucoup poussé auprès de la mairie pour avoir la gratuité de stationnement, mais ça n’a pas été simple, cela a pris beaucoup de temps », souligne Safia. 

 

 

Mais alors que faire ? 

Comme vous l’avez bien compris, dans l’état actuel des choses, il n’existe pas de législation claire concernant le stationnement des professionnels de santé. En février 2022, une proposition de loi a été déposée à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avec l’appui de 28 députés. Une proposition de loi qui est toujours en stand-by.

Autrement dit, c’est au bon vouloir des communes : une infime partie accorde la gratuité, la majorité propose des tarifs spécifiques, mais certaines ne proposent rien. En attendant que l’Assemblée nationale prenne (enfin) le sujet au sérieux et qu’une directive générale soit prononcée, Albus vous propose quelques tips : 

 

  • Pour les veinards qui ont la chance de travailler dans une commune qui propose la gratuité pour le stationnement des professionnels de santé, pas besoin de vous préciser que cette partie de l’article de vous n’est pas destinée. 
  • Pour les professionnels de santé travaillant dans une commune proposant « un tarif spécifique », comme c’est le cas notamment à Saint-Nazaire, vous pouvez vous renseigner auprès de votre mairie pour disposer d’un abonnement mensuel ou annuel dont le prix varie en fonction des villes. Cet abonnement vous sera transmis en échange de votre carte professionnelle et du certificat d’immatriculation du véhicule. Pensez à placer cet abonnement à côté de votre caducée (et si possible en évidence) lors de votre consultation. 
  • Enfin, pour les moins chanceux, ceux qui exercent leur activité dans une commune ne proposant aucun tarif spécifique, on vous conseille de toujours avoir votre caducée sur vous et le mettre en évidence sur votre pare-brise lorsque vous partez en consultation. Vous pouvez également rajouter un message sur une feuille « personnel de santé actuellement en soin à domicile » visible depuis l’extérieur où vous pouvez également laisser vos coordonnées. Dans le cas où vous ne trouveriez aucune place et que vous êtes contraint de stationner sur une place de livraison ou bien en double file, pensez à mettre vos warnings. 

 

En cas de contravention, si vous estimez que celle-ci est abusive et/ou non-justifiée, vous pouvez la contester en envoyant un courrier recommandé avec accusé de réception à l’adresse indiquée, sans oublier de transmettre les justificatifs nécessaires, comme votre carte professionnelle ainsi que le caducée. On vous conseille également de prendre contact avec un avocat, une association ou bien un syndicat d’infirmiers libéraux pour vous accompagner dans cette démarche. 

 

Albus reste à vos côtés si vous souhaitez obtenir des informations complémentaires.

 

Propos d’Alicia, Céline et Safia recueillis par TP. 

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