Associer les infirmières libérales aux bonnes sœurs fait partie des stéréotypes, qui ont la vie dure. Et pourtant, la profession infirmière s’impose aujourd’hui comme essentielle pour répondre aux enjeux de santé publique de demain.
Lorsque l’on se penche sur l’histoire des IDEL, on comprend que tout s’est accéléré au cours du XXème siècle. Simples « accompagnatrices » des patients pendant des siècles, les infirmières se sont vues confiées des missions propres. Leurs compétences se sont considérablement élargies. Aujourd’hui, elles sont des professionnelles de santé capables répondre aux défis de demain.
La profession infirmière : une histoire des femmes au service de patients
L’IDEL en 2025 désigne des professionnelles de santé, reconnues tant pour leur formation que pour leur rôle essentiel. Pourtant, au fil des siècles, les infirmières désignèrent avant tout des femmes, dont la vocation était de s’occuper des autres (on ne parlait pas encore de patients). C’était même un devoir pour ces femmes, qui recevaient leurs « instructions « d’hommes dits érudits, qu’il s’agisse des médecins ou encore des curés et abbés. L’image d’Epinal, associant les infirmières d’antan aux religieuses, a la dent dure. Nous étions alors bien éloignés des réalités quotidiennes de l’infirmière libérale d’aujourd’hui. L’évolution s’est faite lentement, et il faudra attendre la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905) pour que se développe l’idée même de l’infirmière libérale.
Et encore, cette évolution a pris du temps. L’Etat a créé le diplôme devant organiser le métier des « infirmières de l’Etat Français ». Leur mission consistait principalement à soigner certes mais pas seulement. Elles devaient aussi informer la population des bonnes pratiques et des habitudes à prendre pour renforcer l’hygiène. Ainsi, ces premières infirmières conservaient un rôle, défini par le fait religieux, puisqu’elles prêchaient la « bonne parole ».
Infirmière libérale : une reconnaissance pleine et entière des missions d’intérêt général
C’est après la seconde guerre mondiale, un conflit au cours duquel les femmes ont continué à assister la population française, que vont se constituer les prémices de l’infirmière libérale que nous connaissons aujourd’hui. L’arrêté du 31 décembre 1947 fut l’acte fondateur. Ce dernier a définit les « actes pouvant être réalisés par les « auxiliaires médicaux « et remboursés par la Sécurité Sociale.
S’ensuivent de longues années, pendant lesquelles ces infirmières sont au service des patients et sous le joug patriarcal du corps médical. Bien que nombreuses, les avancées et les évolutions de la profession en elle-même sont lentes, renforçant un sentiment de frustration (puis ensuite de colère) de la part des infirmières.
Au niveau international, les spécialistes s’accordèrent relativement tôt sur la nécessité d’encadrer et d’organiser les « soins infirmiers », tant à l’hôpital qu’au domicile des patients. Dès 1950, l’organisation Mondiale de la Santé (OMS) propose cette officialisation des compétences propres des infirmières. En France, il faudra attendre quelques dizaines d’années, avec une consécration et une reconnaissance de la profession, tout au long des années 1970 et 1980.
La consécration d’une profession au cœur du système de santé en France
Il faudra attendre 1972 pour que soit signée la première convention nationale des infirmiers avec la Sécurité Sociale. Une dizaine d’années supplémentaires sera encore nécessaire pour que l’autonomie de l’infirmière soit enfin officialisée avec le décret de compétences de la profession (1984). La multiplication des évolutions législatives et réglementaires s’accéléra jusqu’au décret du 29/07/2004, consacré aux actes professionnels et à l’exercice de la profession infirmière.
Si bien des professions médicales et paramédicales possédaient déjà leur organe de représentation, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) ne verra le jour qu’en 2006. Cette création d’un organe représentatif de tous les aspects de la profession ne s’est pas faite sans douleurs. La légitimité de l’ONI a très rapidement été remise en cause. (En 2015, un amendement proposait même purement et simplement la suppression de l’ordre professionnel des infirmiers).
Depuis lors, le rôle de l’infirmière libérale mais également celui de l’infirmière hospitalière n’a cessé d’évoluer et d’être précisément détaillé. Les infirmiers libéraux se sont, comme tous les autres soignants, formés et adaptés à la digitalisation de la société.
Un avenir plus ambitieux encore pour les infirmiers libéraux ….
Ces dernières années, les IDEL se sont mobilisés pour porter des revendications historiques (rôle, droit de prescription, …). En 2020, la crise sanitaire a mis en lumière leur importance, qui étaient bien souvent les seuls acteurs du système de santé en lien avec les patients.
La création du statut d’infirmière de Pratiques avancées constitue une nouvelle étape dans cette reconnaissance de l’importance de la profession. Enfin, les pouvoirs publics en ont pris conscience. Accorder plus d’autonomie aux IDEL représente une réponse adaptée aux enjeux qui se profilent pour l’avenir de notre système de santé. Première profession médicale en nombre, les infirmières apparaissent être des acteurs clés pour apporter des réponses pertinentes à la désertification médicale qui se généralise en France. Cela devrait pousser à de nouvelles évolutions, accordant une place encore plus importante à cette profession infirmière, essentielle à l’efficience du système de santé en France.
Pendant des siècles, les « soignantes » accompagnaient les patientes et les patients dans tous les aspects de leur vie quotidienne. C’est au cours du XXème siècle, que le métier d’infirmière libérale a pris tout son sens. Les infirmières libérales deviennent aux yeux de tous de véritables professionnelles de santé. Les premières décennies du XXIème siècle soulignent le rôle de plus en plus important que les IDEL occupent dans l’organisation des soins. Un rôle qui est encore appelé à évoluer dans les années à venir.
